Demain est une île
4 octobre - 23 décembre 2016
Avec : Mia Brion, Thelma Cappello, Gaëlle Choisne, Alexis Chrun, Elsa Michaud & Gabriel Gauthier, Victorine Grataloup, Rafael Moreno, Nathalie Muchamad, Jonathan Pêpe, Shubigi Rao, Anna Ren, Sacha Rey, Lucas Semeraro, Ken Sortais, Eden Tinto-Collins, Jason Wee
Commissaires d’exposition : Mélanie Bouteloup, Virginie Bobin & Jason Wee
Demain n’appelle aucune trajectoire prédéterminée. Nous n’avons pas été réunis suite à un appel à candidatures, ni par le biais d’une sélection thématique basée sur notre « aptitude » à répondre à une proposition curatoriale ; mais en rassemblant celles et ceux désireux de s’aventurer dans notre prototype de vaisseau spatial et de faire face à l’inconnu, en pilotes d’essai
métaphoriques.
C’est à partir d’îlots que poussent les villes mais elles ne sont pas îles pour autant, et cependant les villes sont des ports et les navires des îles. Je navigue le long d’artères liquides et touche d’autres îles, je suis ingéré ou transmuté, ou bien anéanti. L’espace constitutif qui me façonne n’est plus le terrain côtier mais la surface immarchable du fluide de l’entre-deux, du sang de l’océan.
Nous prenons notre envol, après une brève introduction, à travers Montparnasse : de la Villa jusqu’au restaurant le Ciel de Paris au sommet de la Tour Montparnasse, avant de redescendre pour suivre les voies ferrées qui nous mènent à travers des ensembles HLM au-delà du périphérique, pour rejoindre enfin Saint-Vincent-de-Paul / Les Grands Voisins. Chaque étape dans l’espace est une escale dans un temps différent, tandis que nous recueillons différents échantillons comme des anthropologues amateurs d’urbanités futures – faits architecturaux, anecdotes sociales, impressions visuelles – pour former nos objets d’étude mais aussi les édifices de nos utopies individuelles.
Je voyage de retour du futur pour constater que la science fiction qu’est mon passé représente les traditions de mon présent. Je suis un voyageur du temps, un astronaute, mais aussi un archéologue.
Nous revenons à la Villa afin de cogiter et de spéculer, d’accorder notre pensée à nos actes, de nous envisager comme des voyageurs du temps créant des œuvres ancrées dans notre époque tout en répondant à une autre, dans un futur beaucoup plus lointain. Nous lisons ensemble, des textes sur la modernité et l’archéologie mais aussi de la science-fiction, et imaginons une ville autre qui existerait au même endroit que la nôtre, invisible tant que nous ne perdons pas volontairement nos repères, tant que nous n’ajustons pas notre regard à une parallaxe. Nous discutons du procédé d’évision délibérée, de filtrage des différentes temporalités existantes, et des manières de leur redevenir sensible à nouveau. Comme le dirait Svetlana Boym – récemment disparue, que nous lisons à et qui nous dédions l’exposition – we [explore] interstices, disjunctures, and gaps in the present in order to co-create the future.
Chaque île est dans l’ombre d’autres îles, l’apparition d’une île dans le contour d’une autre, comme une éclipse de lune vue depuis la profondeur d’un puits. Je les distingue l’une de l’autre lorsque j’incline la tête comme un oiseau, pour trouver la bonne parallaxe.
Jason Wee
Demain est une île reçoit le soutien du National Arts Council de Singapour.
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