Index
Dans la pièce sonore de l’exposition de nombreux·ses personnes, villes, chansons, personnages, lieux, etc. sont cité·e·s ou évoqué·e·s, formant un maillage de références personnelles ou historiques issues de la sphère intime de l’artiste. Cet index reprend ces noms et les remet en contexte afin de donner aux visiteur·rice·s des clefs de lecture pour s’immerger dans l’exposition.
• Afrikaners
Les Afrikaners sont les descendant·e·s des premier·ière·s colons - hollandais·e·s, allemand·e·s, français·e·s, et autres colons européen·ne·s non-britanniques - arrivé·e·s en Afrique du Sud au XVIIIe siècle. Il·elle·s partagent un héritage culturel et une langue commune, l’afrikaans, dérivée du néerlandais. Au XIXe siècle, la plupart des Afrikaners rejettent les relations interraciales et l’égalité des races. Il·elle·s étaient de fervent·e·s partisan·e·s de la différenciation des ethnies, ainsi que de la ségrégation, qui conduira, dès 1948, à l’établissement de l’apartheid.
• Joe Alex (1891, Saint-Paul, La Réunion - 1948, Lima, Pérou)
Voir Joséphine Baker
Joe Alex est un acteur, chanteur et danseur réunionnais. Principalement connu pour avoir été le partenaire de Joséphine Baker dans la « Danse sauvage » de la Revue Nègre en 1925, dans laquelle les corps noirs des deux danseur·se·s sont mis en scène de manière exotisante, voire érotisante afin qu’il·elle·s correspondent à l’imaginaire occidental d’un ailleurs lointain, et stigmatisé [1]. Il est aussi l’un des rares comédien·ne·s noir·e·s d’avant-guerre, mais reste cantonné à l’interprétation de rôles stéréotypés : l’homme noir, gentil, souriant et musclé. De 1923 à 1946, il interprète une trentaine de rôles dans des films français, notamment dans Les Enfants du paradis (1945) de Marcel Carné. En 1938, il dirige à Paris le Théâtre africain, dont la troupe est intégralement noire.
• Ana Arone (1965, Morrumbene, Inhambane - 2004, Maputo, Mozambique)
Mère d’Euridice Zaituna Kala. Euridice la décrit comme « une basketteuse amatrice qui a travaillé dans une banque toute sa vie. »
• Isabel Arone (Grand-mère) (1949, Morrumbene, Inhambane - )
Grand-mère d’Euridice Zaituna Kala. Euridice la décrit comme « une femme d’affaires autodidacte à la retraite, qui s’est occupée pendant toute sa vie de diverses entreprises formelles et informelles. » Elle vit à Maputo, au Mozambique.
• Baie de Delagoa
Voir Mozambique
Ancien nom donné à la baie de Maputo, la baie de Delagoa est un estuaire de l’océan Indien, situé le long de la côte du Mozambique. Le nom de Delagoa vient du fait qu’elle était la première escale maritime en provenance de Goa, en Inde.
• Joséphine Baker (1906, Saint-Louis, États-Unis - 1975, Paris, France)
Voir Joe Alex, Feral Benga, Le Corbusier
De son vrai nom Freda Josephine McDonald, Joséphine Baker est une chanteuse, danseuse, actrice, meneuse de revue et résistante afro-américaine, naturalisée française. Si d’elle, on ne retient que sa ceinture de bananes et la mise en scène de son corps, les études de genres et postcoloniales ont permis d’appréhender la complexité des multiples facettes de cette icône de la modernité. En 1925, la direction du théâtre des Champs-Élysées confie à Caroline Dudley Regan, une Américaine installée à Paris, l’organisation d’un “spectacle noir” [2]. Parmi d’autres danseur·se·s, elle recrute à New York Joséphine Baker pour intégrer la troupe des Black Birds, future troupe de la Revue Nègre. À Paris, cette dernière devient une star du music-hall et la muse de l’avant-garde artistique ; son image est produite et reproduite partout et sur tous les supports. Elle sait, en dehors de ses spectacles, composer sa propre image d’icône et médiatiser certains produits dont elle assure la promotion, tandis qu’ils assurent la sienne. Et, tout en cherchant à correspondre à ce que ce regard occidental et colonial projette sur elle, elle joue des fantasmes en les caricaturant et en les subvertissant. L’histoire retient que la Revue Nègre fut un véritable triomphe. Mais cette affirmation est à nuancer. En effet, dès la fin des années 1920, des critiques contemporaines, comme celles des sœurs Jane et Paulette Nardal, préfigurent celles que les études postcoloniales émettront à l’encontre de ces spectacles et de la négrophilie occidentale, qui sous couvert du divertissement (en lui-même, problématique) ne font que projeter sur les corps noirs et leurs cultures des stéréotypes raciaux qui correspondent à l’imaginaire colonial. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Joséphine Baker s’engage dans la résistance française ; elle reçoit la Légion d’Honneur et la Croix de Guerre. Au début des années 1960, elle s’implique dans luttes des droits civiques tirant parti de sa notoriété mondiale et de son statut d’icône médiatique de la culture populaire. Le 28 août 1963, elle est la seule femme à prendre la parole aux côtés de Martin Luther King lors de la Marche vers Washington.
• Bal Blomet
Voir Joséphine Baker, Foujita, Kiki de Montparnasse, Mistinguett, Montparnasse
Le Bal Blomet (ex-Bal Nègre) est un célèbre cabaret antillais et club de jazz du Paris des Années Folles, créé en 1924 par Jean Rézard des Wouves, au 33 rue Blomet dans le quartier Necker à l’ouest de Montparnasse. Véritable vivier artistique, les artistes, musicien·ne·s, danseur·se·s, peintres, écrivain·e·s des Années Folles (comme Joséphine Baker, Mistinguett, Tsuguharu Foujita, Kiki de Montparnasse, Man Ray, Alexander Calder, etc.) le fréquentent assidûment.
• James A. Baldwin (1924, Harlem, États-Unis - 1987, Saint-Paul-de-Vence, France)
Voir Giovanni, Gerard Sekoto, Harlem, Schomburg Center for research in Black Culture
James A. Baldwin est un écrivain américain, auteur de romans, de poésies, de nouvelles, de pièces de théâtre et d’essais. Les lois ségrégationnistes le poussent à quitter New York et les États-Unis en 1948. Il se rend en France et s’installe à Paris où vit déjà son mentor, l’écrivain afro-américain Richard Wright, et fréquente le milieu intellectuel de la Rive Gauche. C’est là qu’il écrit certains de ses plus célèbres romans : Chronique d’un pays natal (1955), La chambre de Giovanni (1956), … C’est aussi là que Baldwin comprend, grâce à ses interactions avec des colonisé·e·s, que le racisme n’est pas absent des mœurs françaises. Il découvre les revendications des Africain·e·s et compare sa propre condition à la leur : « L’Africain n’a pas enduré l’aliénation ultime de son peuple et de son passé. Sa mère ne lui a jamais chanté Sometimes I feel like a Motherless Child. [3] »
Dans ses œuvres, James Baldwin explore les non-dits et les tensions sous-jacentes autour des distinctions raciales, sexuelles et de classes au sein des sociétés occidentales, en particulier dans l’Amérique du milieu du XXe siècle. À partir de 1957, il devient l’un des protagonistes du mouvement pour les droits civiques, analysant les frustrations des Afro-américain·e·s et les préjugés raciaux des Blanc·he·s. Ses romans et pièces de théâtre transposent des dilemmes personnels en fiction, questionnant les pressions sociales et psychologiques complexes qui entravent non seulement l’intégration des personnes noires, mais aussi des hommes gays ou bisexuels.
• BAM (Black Arts Movement)
Voir James Baldwin, Amiri Bakara, Harlem, Schomburg Center for research in Black Culture
BAM, acronyme de Black Arts Movement, est le nom d’un mouvement littéraire et artistique formé par un groupe d’écrivain·e·s, poètes, dramaturges, artistes, et musicien·e·s afro-américain·e·s. Politiquement engagé·e·s contre le racisme, pour les droits civiques des afro-américain·e·s, il·elle·s désirent porter par le biais des arts la voix de l’identité noire. Né en 1965, suite à l’assassinat de Malcolm X, ce mouvement aurait été notamment créé par le poète Amiri Baraka Il est considéré – selon les mots de la critique littéraire, Larry Neal – comme « la sœur esthétique et spirituelle du Black Power Movement [4] » et du mouvement Harlem Renaissance. Parmi les artistes associé·e·s au mouvement nous pouvons citer James Baldwin, Maya Angelou, Gil Scott-Heron, Nikki Giovanni, Toni Morrison, Audre Lorde, Alice Walker, June Jordan, Gwendolyn Brooks, entre autres.
• Amiri Baraka (1934, Newark, États-Unis - 2014, Newark, États-Unis)
Voir BAM (Black Arts Movement)
Everett LeRoi Jones, plus connu sous le pseudonyme d’Amiri Baraka, est un dramaturge, romancier, nouvelliste, poète, essayiste, éditeur et professeur d’université afro-américain. Il est le fondateur, en 1965, du Black Arts Movement. Dans le contexte du mouvement des droits civiques, l’œuvre de Baraka explore la colère des afro-américain·e·s. Il utilise ses écrits comme une arme contre le racisme, et pour exposer ses revendications politiques, le rôle de l’artiste étant, selon lui, « d’élever la conscience des gens. [5] » Avec ses poèmes, il vise à créer une esthétique libérée des canons occidentaux. En 1968, Baraka se convertit à l’Islam et ajoute à son nom le préfixe Imamu, qui signifie « chef spirituel ». En 1974, cependant, il embrasse la pensée marxiste et abandonne ce préfixe.
• Féral Benga (1906, Dakar, Sénégal - 1957, Châteauroux, France)
Voir Joe Alex, Joséphine Baker
François « Féral » Benga est un danseur et chorégraphe sénégalais qui s’installe à Paris en 1923. En 1926, il danse dans La Folie du Jour aux Folies-Bergère, avec Joséphine Baker en vedette. Benga effectue une grande partie de sa carrière au music-hall, où il interprète des chorégraphies exotisantes basées sur des stéréotypes, ceux d’une « danse nègre », qui répond aux clichés de l’époque [6]. Loué par la presse française qui le surnomme « L’Étoile noire », Benga se produit aussi en tournée aux États-Unis, et devient l’un des modèles des artistes de la Harlem Renaissance. Benga, cherchant à proposer une autre vision des traditions africaines, monte en en 1933 avec Jean Fazil une création chorégraphique au Théâtre des Champs Élysées, le Gala de danses blanc et noir, où la danse africaine rencontre les musiques classiques et les negro spirituals. Il fait ensuite la connaissance de l’anthropologue anglais Geoffrey Gorer, et part avec lui, un an plus tard, pour un long voyage d’étude à travers l’Afrique de l’Ouest à la découverte des traditions chorégraphiques africaines. En 1947, il ouvre à Saint-Germain-des-Prés, La Rose Rouge, un célèbre cabaret-théâtre dédié à la diffusion de la voix de la Négritude [7].
• Beyoncé (1981, Houston, États-Unis - )
Beyoncé Giselle Carter, de son nom complet, est une chanteuse afro-américaine. Elle commence sa carrière au sein du groupe Destiny’s Child, avant de se lancer en solo en 2003. Dans son album Lemonade, sorti en 2016, elle aborde non seulement son histoire personnelle en tant que femme noire, mais aussi celle de la diaspora africaine et de ses cultures par le biais de nombreuses références tant dans les textes des chansons que dans les images des clips qui les illustrent.
En 2018, elle est la première femme noire à être en tête d’affiche du festival de musique Coachella. Le documentaire Homecoming [8], réalisé par Beyoncé sorti en 2019 sur Netflix, revient sur cette performance, la replace dans la carrière de l’artiste, et fait de cet évènement le point culminant d’un projet global de recherche et de reconnaissance de la culture noire et afro-américaine.
• Black History Month
Le Black History Month est une célébration annuelle dédiée à l’histoire et aux réalisations des afro-américain·e·s, et un temps pour reconnaître leur contribution à l’histoire des États-Unis. L’événement fut créé par l’historien américain Carter G. Woodson (1875-1950) en 1926. Depuis 2018, l’association Mémoires & Partages porte une initiative similaire à Bordeaux, pour rendre hommage aux afro-occidentaux·tales et à leur histoire.
• Bochiman
Voir Khoïsan
Le terme Bochiman désigne un ensemble de peuples autochtones nomades de chasseur·se·s-cueilleur·se·s d’Afrique australe. Le terme français « Bochimans » est dérivé du mot néerlandais « bosjesman », introduit par les Boers (les pionniers blancs d’Afrique du Sud) durant la période coloniale, et signifiant littéralement « hommes des buissons ». Le terme de Bochiman, teinté du racisme colonial, tend à être remplacé par celui de San. Il·elle·s sont considéré·e·s comme les plus anciens habitant·e·s de l’Afrique australe, où il·elle·s vivent depuis plus de 44 000 ans. Persécuté·e·s par les Bantous et les Boers, puis marginalisé·e·s par les colons britanniques, leur territoire est aujourd’hui réduit au désert du Kalahari.
• Jean Isy de Botton (1898, Salonique, Grèce - 1978, New-York, États-Unis)
Jean Isy de Botton est un peintre, sculpteur, et graveur français. Plusieurs photographies de ses œuvres sont conservées dans le fonds Marc Vaux, et notamment des dessins représentant Joséphine Baker en train de danser.
• Marcel Camus (1912, Chappes, France - 1982, Paris, France)
Voir Eurydice, Marpessa Dawn
Marcel Camus est un réalisateur français surtout connu pour son film Orfeu Negro, adaptation d’une pièce de théâtre de Vinícius de Moraes, Orfeu da Conceição. Le film est une transposition dans les favelas de Rio de Janeiro durant le carnaval de cette ville, des amours d’Orphée et d’Eurydice. Il connaît un succès mondial, reçoit la Palme d’or du festival de Cannes en 1959 et l’Oscar du meilleur film étranger l’année suivante.
• Joaquim Chissano (1939, Chibuto, Mozambique -)
Voir Mozambique
Joaquim Chissano est un homme politique mozambicain, président de la République du Mozambique de 1986 à 2005, et l’une des figures clefs du FRELIMO (Front de libération du Mozambique) qui participe activement à l’obtention de l’indépendance du pays en 1975.
• Marpessa Dawn (1934, Pittsburgh, États-Unis - 2008, Paris, France)
Voir Marcel Camus
Marpessa Dawn, de son vrai nom Gypsy Marpessa Menor, est une actrice, danseuse et chanteuse afro-américaine, naturalisée française, principalement connue pour avoir interprété Eurydice, le rôle féminin principal du film Orfeu Negro de Marcel Camus (1959).
•Gaby Deslys (1881 Marseille, France - 1920, Paris, France)
Marie-Élise Gabrielle Caire, dite Gaby Deslys, est une chanteuse française, meneuse de revue, et artiste de music-hall, étoile de la Belle Époque à la portée internationale. En 1917, elle mène la revue Laisse-les Tomber ! au Casino de Paris l’une des premières à intégrer un jazz-band dans la capitale française.
• Cheikh Anta Diop (1923, Thieytou, Sénégal - 1986, Dakar, Sénégal )
Historien, scientifique et homme politique, Cheikh Anta Diop s’est attaché à démontrer l’apport de l’Afrique, et en particulier de l’Afrique noire, à la culture et à la civilisation mondiale. Dans sa thèse publiée sous le titre de Nations nègres et culture (1954), il développe la théorie d’une Égypte antique profondément africaine. Suite à cette parution, le milieu académique français lui reproche d’avoir une lecture plus politique et idéologique que scientifique de l’histoire africaine. Malgré les controverses, trente-trois ans après sa mort, il continue d’influencer la recherche en histoire africaine, et de manière plus globale la pensée politique, philosophique, économique et culturelle du continent et de ses diasporas.
• Kaye Dunn
Voir Katherine Dunham
• Katherine Dunham (1909, Glen Ellyn, États-Unis - 2006, New-York, États-Unis)
Voir Kaye Dunn, Henri Matisse
Katherine Dunham (pseudonyme Kaye Dunn) est une danseuse, chorégraphe, anthropologue, militante du mouvement des droits civiques, écrivaine et actrice afro-américaine. Considérée comme l’une des pionnières de la danse afro-américaine, elle est surnommée Mother of Black Dance (la Mère de la danse noire). Dans les années 1920, elle suit des cours de danse auprès de Ludmilla Speranzeva, Vera Mirova, Mark Turbyfill et Ruth Page, rares professeur·e·s de ballet classique à accepter alors les élèves afro-américain·e·s. Son style chorégraphique est marqué par une fusion des cultures empruntant à la fois à des influences antillaises, subsahariennes, sud-américaines et afro-américaines. Dans les années 1940, elle crée la Katherine Dunham Company, première compagnie afro-américaine de danse contemporaine avec laquelle elle refuse de se produire sur les scènes pratiquant la ségrégation. En parallèle, elle suit des études d’anthropologie et écrit une thèse consacrée aux danses d’Haïti qui est publiée en français en 1950 et préfacée par Claude Lévi-Strauss [9]. De 1966 à 1967, elle est conseillère technique et culturelle auprès du président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor.
• Erzulie Freda
Erzulie ou Ezili est une Lwa (esprit, divinité) du panthéon vaudou. Divinité de la beauté, de l’amour et du désir, elle incarne la figure du féminin. Elle est assimilée à la figure biblique de Marie, dont elle emprunte l’iconographie, plus spécialement celles de la mater dolorosa et de Notre-Dame du Mont-Carmel : voiles blanc et rose, couronne d’or entourée de cœurs.
• Eurydice
Dans la mythologie grecque, Eurydice est une dryade (une nymphe des arbres) et la compagne d’Orphée, poète et musicien. Mordue par un serpent, elle meurt le jour de leurs noces. Inconsolable, Orphée entonne une complainte, et émeut les dieux qui lui accordent de descendre jusqu’aux Enfers pour la sauver. Hadès, le Dieu des Enfers, accepte de laisser Orphée la ramener dans le monde des vivants, à la seule condition qu’Orphée ne se retourne pas avant d’être sorti des Enfers. Alors que celui-ci est sur le point d’atteindre la lumière du jour, il se retourne pour voir si son épouse est bien derrière lui. La promesse faite à Hadès est rompue et Eurydice meurt une seconde fois, happée par le séjour des morts.
Et si c’était Eurydice qui avait dit à Orphée, « retourne-toi » ? Il faut attendre que la pensée féministe s’empare de ce personnage pour qu’elle devienne un véritable sujet, actif, qui aurait pu faire le choix de ne pas suivre Orphée. Le récit mythologique, en effet, nous présente une Eurydice passive, exclusivement dépendante d’Orphée [10].
• Tsuguharu Foujita (1886, Tokyo, Japon - 1968, Zurich, Suisse)
Voir Bal Blomet, Aïcha Goblet, Kiki de Montparnasse, Montparnasse
Tsuguharu Foujita quitte en 1913 son pays pour Paris pour poursuivre sa carrière d’artiste. Son œuvre est caractérisée par un syncrétisme entre la tradition picturale japonaise, notamment l’art de l’estampe, et les réflexions picturales de la modernité occidentale. Dans les années 1920, il est l’une des figures centrales du Paris artistique, et plus particulièrement du Montparnasse des Années folles.
• Giovanni
Voir James Bladwin
Personnage créé par James A. Baldwin, Giovanni est l’un des protagonistes principaux du roman La Chambre de Giovanni (Giovanni’s Room, 1956). Dans cet ouvrage, il entretient une passion tourmentée avec David, jeune américain expatrié à Paris. Le roman traite de l’homosexualité, des pressions sociales et psychologiques qui entravent l’intégration des hommes gays ou bisexuels, ainsi que des obstacles intériorisés qui empêchent de telles quêtes d’acceptation.
• Aïcha Goblet (1898, France - ? )
Voir Tsuguharu Foujita, Henri Matisse, Montparnasse
Aïcha Goblet serait née dans le nord de la France, d’une mère flamande et d’un père martiniquais, jongleur dans un cirque dans lequel elle se produit également dès l’âge de 6 ans. Lors d’une représentation du cirque à Clamart, elle attire l’attention de Jules Pascin et pose pour lui dès les années 1910, en même temps qu’une autre modèle martiniquaise, Julie Luce. Elle s’installe alors à Paris, loge à la Villa Falguière, et devient le modèle de nombreux artistes : Kees Van Dongen, Moïse Kisling, Chaïm Soutine, Amedeo Modigliani, Tsuguharu Foujita, mais aussi pour Henri Matisse (Aïcha et Lorette) et Félix Vallotton (La Noire et la Blanche). Elle inspire André Salmon pour son roman La Négresse du Sacré-Coeur (1920). Elle se fait appeler Ayesha, fréquente alors la communauté artistique du Montparnasse des années 20 et ses cafés – Le Dôme, La Coupole, etc. À Montparnasse où, selon ses mots, « ils ne savaient même pas que je parlais français » [11], ses contemporain·e·s semblent avoir projeté sur elle et son corps l’image qu’il·elle·s se font alors d’une Afrique fantasmée. Elle même semble jouer de cette ambiguïté, transformant son corps pour qu’il corresponde à l’image stéréotypée qu’on lui impose : elle pare ses cheveux d’un turban, objet qui évoque à lui seul, sous le regard des peintres qui l’immortalisent, l’imaginaire que l’Occident projette sur l’ailleurs, qu’il soit Orient ou Afrique.
• Harlem
Voir BAM, James Bladwin, Schomburg Center for research in Black Culture
Harlem est un quartier du nord de l’arrondissement de Manhattan à New York, aux États-Unis où vit, encore aujourd’hui majoritairement la communauté afro-américaine. Au début du XXe siècle, le mouvement de la Renaissance de Harlem fait de ce quartier le principal foyer de la culture afro-américaine ; par la suite, il devint l’un des centres de la lutte pour l’égalité des droits civiques.
• If I Were a Boy
If I Were a Boy [Si j’étais un garçon en français], est le titre d’une chanson issu de l’album I Am … Sasha Fierce, troisième album de Beyoncé, sorti en 2008. Beyoncé y évoque ce qui lui serait permis de faire si elle était un homme. La chanson et l’album connaissent un succès international.
• Ilha de Moçambique
Voir Mozambique, Mussa Bin Binque
L’île de Mozambique, en portugais Ilha de Moçambique, est une île située dans le canal du Mozambique. Cette île a donné son nom à toute la côte continentale lui faisant face, et au pays dont elle fait partie. Son nom provient de celui du sultan Mussa Bin Bique, qui dirige l’île avant la colonisation portugaise.
• Euridice Zaituna Kala (1987, Maputo, Mozambique - )
Euridice Zaituna Kala est une artiste mozambicaine basée à Paris. Son travail artistique s’intéresse aux métamorphoses culturelles et historiques, à ses manipulations et ses adaptations. L’artiste cherche à mettre en lumière la multiplicité des périodes historiques et des relations sociales au sein du continent africain, qui est au cœur de ses réflexions. Ces récits se déroulent dans des espaces de départs, de rencontres… sous la forme d’installations, de performances, d’images et de livres.
Euridice Zaituna Kala a été formée à la photographie à la Market Photo Workshop (MPW-2012) à Johannesburg. Elle a participé à de nombreuses expositions collectives dont la 1ère édition de la Triennale de Stellenbosch (2020), la seconde édition de la Lagos Biennal (2019), Hubert Fichte : Love and Ethnology à la Haus der Kulturen der Welt, Berlin (2019-2020), la 14e Fellbach Triennial for Small Sculpture : 40,000 – A Museum of Curiosity (2019), Le pouvoir du dedans, La Galerie, Noisy-le-Sec (2018), Mistake ! Mistake ! Said the Rooster… and stepped down from the Duck, Lumiar Cité, Lisbonne (2017), Infecting the City, Cape Town (2017) et (Co)Habitar, Casa da America Latina, Lisbonne (2017). Elle a présenté de nombreuses performances dont Mackandal Turns into a Butterfly : a love potion, La Galerie, Noisy-le-Sec (2018) et Euridice Kala Shows and Doesn’t Tell, galerie Saint-Séverin, Paris (2018)
Elle est également la fondatrice et co-organisatrice de e.a.s.t. (Ephemeral Archival Station), un laboratoire et une plateforme pour des projets de recherche artistique à long terme, établi en 2017.
• Getulio Kala (1959, Maputo, Mozambique - 1992, Maputo, Mozambique)
Père d’Euridice Zaituna Kala, il est archiviste aux Archives Nationales du Mozambique. Il meurt dans un accident de voiture alors que l’artiste est encore enfant.
• Getulio Kala Jr. (1990, Maputo, Mozambique -)
Frère d’Euridice Zaituna Kala. Il travaille dans une banque à Maputo où il vit avec sa famille.
• Kim Kardashian (1980, Los Angeles, États-Unis -)
Voir Spanx
Kim Kardashian est une personnalité médiatique et une femme d’affaires américaine. Depuis 2007, elle et sa famille sont les vedettes d’une émission de télé-réalité à succès, L’Incroyable Famille Kardashian. Archétype du star-system, elle cultive son image sur les réseaux sociaux et dans les médias. En 2015, elle fait partie de la liste des 100 personnes les plus influentes du monde d’après le Time Magazine. En 2019, elle lance sa marque de lingerie gainante inspirée de la marque Spanx. Disponibles dans neuf teintes de carnation, du XXS au 4XL, les produits de la ligne se veulent inclusifs. D’abord baptisée Kimono Solutionwear, elle renomme sa marque Skims Solutionwear suite à des accusations d’appropriation culturelle.
• Kiki de Montparnasse (1901, Châtillon-sur-Seine, France - 1953, Paris, France)
Voir Tsuguharu Foujita, Montparnasse
Kiki de Montparnasse ou Kiki, est le pseudonyme d’Alice Ernestine Prin aussi surnommée « la Reine de Montparnasse ». Issue d’un milieu très modeste, elle s’installe en 1913 à Paris où elle devient un modèle célèbre, posant notamment pour Amedeo Modigliani, Tsuguharu Foujita, Man Ray, Chaïm Soutine, etc. Elle est également chanteuse, danseuse, gérante de cabaret, artiste peintre et actrice de cinéma.
• Khoïsan
Voir Bochiman
Khoïsan est un terme qui désigne conjointement deux groupes ethniques d’Afrique australe : les chasseur·se·s-cueilleur·se·s San et les pasteur·e·s Hottentots, ou Khoikhoi. Les Khoïsan font partie des nombreux peuples qui ont été dépossédés de leurs terres par les autorités coloniales au XIXe et au début du XXe siècle. Après la fin de l’apartheid, le gouvernement sud-africain les autorise à émettre des revendications territoriales pour retrouver leurs terres spoliées après 1913.
• Le Corbusier (1887 La Chaux-de-Fonds, Suisse - 1965, Roquebrune-Cap-Martin, France)
Voir Joséphine Baker, Villa Savoye
Charles-Édouard Jeanneret-Gris, plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est l’un des principaux représentants du mouvement moderne en architecture. L’héritage de Le Corbusier est aujourd’hui questionné et son œuvre et ses théories architecturales relues à la lumière de ses affiliations politiques avec des régimes fascistes.
L’histoire lui prête une aventure avec Joséphine Baker [12]. Ils se seraient rencontrés en novembre 1929 à bord du bateau de croisière le Giulio Cesare qui les mène tous deux de Bordeaux à São Paulo. Il écrit dans son journal : « Dans un ridicule music-hall à São Paulo, Joséphine Baker chantait Baby avec une sensibilité tellement intense et théâtrale que ça m’a ému aux larmes. » Joséphine Baker, quant à elle, l’aurait trouvé « gai et simple » et l’aurait décrit comme « un homme de cœur ». Elle aurait même dit : « quel dommage que tu sois architecte, tu aurais été un bon compagnon. » [13] À la même période, Le Corbusier travaille à la construction de la Villa Savoye, pensée comme un véritable manifeste architectural, qu’Euridice imagine avoir pu être inspirée par sa rencontre avec Joséphine Baker.
• Amilcar Lopes da Costa Cabral (1924, Bafatà, Guinée-Bissau - 1973, Conakry, Guinée)
Amilcar Cabral, Abel Djassi de son pseudonyme, est un homme politique guinéen et l’un des fondateurs du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, le PAIGC (Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde). Créé en 1956, le PAIGC participa activement à l’obtention de l’indépendance de ces deux états. Suite à des dissensions internes, Cabral est assassiné le 20 janvier 1973 à Conakry par des membres de la branche militaire de son propre. parti, vraisemblablement sous l’influence des autorités portugaises.
• Josina Machel (1945, Vilankulo, Mozambique - 1971, Dar es Salam, Tanzanie)
Voir Samora Machel, Mozambique
Josina Machel est une militante féministe et indépendantiste mozambicaine. Membre d’un groupe de femmes du FRELIMO (Front de Libération du Mozambique), le Destacamento Feminino (Détachement féminin), elle reçoit un entraînement militaire et s’implique activement dans la lutte. Elle y rencontre Samora Machel, son futur époux, premier président du Mozambique indépendant en 1975. Josina Machel est une des acteur·rice·s de l’indépendance du Mozambique et une icône féministe de l’histoire des luttes de libération panafricaines.
• Samora Machel (1933, Chilembene, Mozambique - 1986, Mbuzini, Afrique du Sud)
Voir Josina Machel, Mozambique
Samora Machel est un homme politique mozambicain, membre du FRELIMO (Front de Libération du Mozambique), premier président de la République populaire du Mozambique indépendante entre 1975 et 1986 et le mari de Josina Machel. Il est considéré comme l’un des pères de l’indépendance du Mozambique. En 1986, il meurt dans un accident d’avion dont les causes demeures floues. Sa mort continue d’être un sujet de spéculation.
• Ernest Mancoba (1904, Johannesburg, Afrique du Sud - 2002, Clamart, France)
Ernest Mancoba est un écrivain, penseur, et artiste peintre franco-sud-africain. Il fuit l’Afrique du Sud et l’apartheid pour l’Europe, et s’installe en France en 1938. Après la Seconde Guerre mondiale, lui et son épouse, Sonja Ferlov se rendent au Danemark, où elle le présente à Asger Jorn. Mancoba participe alors au mouvement CoBrA. Bien qu’il y ait participé activement, son oeuvre est souvent oubliée dans les historiographies de ce mouvement. L’artiste et universitaire Rasheed Araeen [14] défend l’idée que l’effacement de Mancoba est le résultat du racisme et de l’ethnocentrisme occidental, son œuvre a n’ayant été reconnue que récemment grâce aux relectures et décentrages du récit moderniste.
• Maputo
Voir Mozambique
Capitale du Mozambique.
• Henri Matisse (1869, Le Cateau-Cambrésis, France - 1954, Nice, France)
Voir Aïcha, Joséphine Baker, Katherine Dunham, Picasso
Henri Matisse est un peintre, sculpteur, dessinateur, graveur français, et l’une des figures majeures de l’art moderne de la première partie du XXe siècle. Comme de nombreux·ses de ses contemporain·e·s, il exprime dans son œuvre un intérêt pour ce que l’on appelle alors les arts « primitifs » [15] dans lesquels le modernisme occidental semble reconnaître ses préoccupations et ses recherches formelles. Le regard qu’il pose sur ces cultures et sur leurs productions est en partie teintée de la tradition picturale occidentale du XIXe, une image rêvée de l’Orient et la projection d’un certain exotisme sur les êtres, leurs corps et leurs cultures. Au fil de sa carrière, Matisse représente de nombreuses femmes noires dans ses tableaux, dont Aïcha qui pose pour lui dans Aïcha et Lorette (1917), Katherine Dunham qui serait l’inspiration de la Danseuse créole (1950), Elvire Van Hyfte dont il fait le portrait dans Dame à la robe blanche (1946). Dans les années 1930, il séjourne à New York, où il visite de nombreux clubs de Jazz de Harlem, et montre un fort intérêt pour la culture noire.
• Mistinguett (1875 Enghien-les-bains, France - 1956, Bougival, France)
Jeanne Florentine Bourgeois, dite Mistinguett est une chanteuse, actrice et meneuse de revue française, vedette du Moulin Rouge, haut-lieu du music-hall du Paris de la Belle Époque.
• Montparnasse
Voir Joséphine Baker, Bal Blomet, Aïcha, Tsuguharu Foujita, Marc Vaux
Le quartier du Montparnasse se situe, sur la rive gauche de la Seine. Son nom, donné par des étudiants qui venaient déclamer des vers sur la butte formée par des remblais au XVIIe siècle, fait référence au mont Parnasse, résidence des Muses dans la mythologie grecque. Au début du XXe siècle, ce quartier populaire attire de nombreux·ses artistes, français·es et étranger·ère·s, qui en font la plaque tournante de la modernité artistique. Il reste peu de traces de ce Montparnasse artistique, le quartier ayant été totalement transformé dans les 1960 pour répondre aux ambitions politiques voulant faire du Montparnasse le quartier d’affaires de la Rive gauche de Paris, dont la Tour Maine-Montparnasse est le symbole.
• Mozambique
Voir Joaquim Chissano, Josina Machel , Samora Machel, Mussa Bin Binque, Ricardo Rangel, Marcelino dos Santos
Le Mozambique, est un État situé sur la côte orientale du continent africain dont l’histoire est profondément marquée par la colonisation portugaise, puis par les mouvements indépendantistes du XXe siècle. L’implantation portugaise commence dès le début du XVIe siècle lors de la deuxième expédition de Vasco de Gama. Les Portugais établissent des comptoirs commerciaux, exploitant les routes et les échanges préexistant à leur arrivée, pour les très rentables trafics d’ivoire, de charbon, d’or, de canne à sucre, de thé et de coton. Ils développent également la traite des Noir·e·s, pratiquée alors par les Arabes.
Le 25 juin 1962, plusieurs groupes anticoloniaux fondent le FRELIMO (Front de libération du Mozambique), un mouvement qui prône le rejet global du système colonial-capitaliste qui place l’insurrection armée et la guérilla au centre de la lutte politique. Le 7 septembre 1974, un accord est signé à Lusaka entre le Portugal et le FRELIMO, fixant un calendrier pour l’établissement d’un gouvernement provisoire en vue de la proclamation de l’indépendance du Mozambique. Le 25 juin 1975, l’indépendance du Mozambique est proclamée et Samora Machel en devient le premier président. Le pays s’enfonce alors dans une guerre civile qui dure seize ans, attisée par le paysage géopolitique occidental, et qui oppose les forces du FRELIMO à celle de Résistance nationale du Mozambique (RENAMO), financée et soutenue d’abord par la Rhodésie puis par l’Afrique du Sud.
En 1990, à la veille de la chute de l’Union soviétique, les premiers pourparlers de paix ont lieu entre le FRELIMO et le RENAMO, débouchant en novembre sur une nouvelle constitution reconnaissant le pluralisme politique. En 1994, les élections donnent le FRELIMO de Joaquim Chissano vainqueur.
• Musée du Louvre
Voir Marc Vaux
En 1939, durant la Seconde Guerre mondiale, les œuvres du Musée du Louvre sont évacuées et acheminées dans des lieux de dépôts situés loin des villes et des voies de circulation afin de les mettre à l’abri des bombardements. Les étapes de l’évacuation des œuvres du Louvre – avec l’emballage et le transport en camions, les salles vides, mais aussi le retour après la guerre et la réouverture du musée – font l’objet de plusieurs campagnes photographiques. Marc Vaux est l’un des photographes chargé·e·s de réaliser un photoreportage.
• Musée national d’ethnographie de Nampula
Inauguré le 23 août 1956, sous le nom de Museo Comandante Eugénio Ferreira de Almeida, par le général Craveiro Lopes dans un bâtiment conçu par l’architecte Mario Oliveira, le Musée national d’ethnographie de Nampula (en portugais, Museu Nacional de Etnografía de Nampula) est le seul musée national à ne pas être situé dans la capitale mozambicaine, Maputo. L’instigateur du projet est l’ethnographe Soares de Castro.
• Mussa Bin Bique
Voir Ilha de Moçambique, Mozambique
Mussa Bin Bique ( arabe : موسى بن بيك ), est le sultan musulman de l’Île du Mozambique lors de l’arrivée des Portugais en 1544. Le nom de ce souverain, en portugais Moçambique, sert d’abord à désigner l’île du Mozambique, puis toute la côte continentale lui faisant face, l’actuel Mozambique.
• Nampula
Voir Mozambique, Musée national d’ethnographie de Nampula
Nampula appelée la « capitale du Nord », est la troisième ville du Mozambique de par sa densité démographique.
• Orphée
Voir Eurydice
• G. Pernolles
Lorsque l’on entre « Mozambique » dans la base de données numérisée du fonds Marc Vaux, le seul résultat est une carte postale timbrée et envoyée du Mozambique par G. Pernolles à M. et Mme Vaux, le 20 décembre 1957.
• Pablo Picasso (1881, Malaga, Espagne - 1973, Mougins, France)
Pablo Picasso est un peintre, sculpteur, dessinateur et graveur espagnol, ayant passé l’essentiel de sa vie en France. Il est considéré comme l’une des figures clés de l’art moderne. Comme beaucoup de ses contemporain·e·s, il regarde et collectionne l’art dit « primitif » – ce terme désignant, sans distinction, des artefacts africains ou encore océaniens – dans lesquels le modernisme occidental semble reconnaître ses préoccupations et ses recherches formelles. En 1907, il peint Les Demoiselles d’Avignon : cinq femmes, partiellement nues, dont les visages semblent rendus à la manière de masques africains. Si le tableau est encore aujourd’hui considéré comme l’un des premiers tableaux cubistes, des relectures du récit moderniste ont permis de réinterroger le statut de cette œuvre au sein de l’histoire de l’art. Le tableau cristallise en effet des critiques récentes émises par les études de genre et postcoloniales à l’encontre du modernisme, masculin et occidentalo-centré. L’artiste afro-américaine Faith Ringgold, par exemple, s’est saisie des Demoiselles d’Avignon pour en donner sa propre version, Picasso’s Studio. Elle place au centre de la composition de Picasso, une femme noire, nue, et questionne ainsi la place de l’Afrique (et du modèle noir) au sein du récit de l’histoire de l’art moderniste.
• Présence africaine
Voir Joséphine Baker, James Bladwin, Léopold Sédar Senghor
Présence africaine est une revue panafricaine semestrielle, fondée en 1947 à l’initiative d’Alioune Diop (1910-1980), professeur de philosophie sénégalais, avec le soutien d’intellectuel·le·s, écrivain·e·s et anthropologues, tels que Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Richard Wright, Albert Camus, André Gide, Jean-Paul Sartre, Michel Leiris, Joséphine Baker ou encore James Baldwin. La revue a pour objectif de publier des « textes d’Africains », des « études d’africanistes sur la culture et la civilisation africaine », [...] de passer en revue « les œuvres d’art ou de pensée concernant le monde noir » [16] . C’est aussi une maison d’édition, fondée en 1949, et une librairie située dans le Quartier latin à Paris, au 25bis, rue des Écoles. Pendant les années 1950 et 1960, la revue milite activement en faveur de l’indépendance des pays colonisés africains et de l’émergence d’une culture africaine indépendante.
• Ricardo Rangel (1924, Maputo, Mozambique - 2009, Maputo, Mozambique)
Voir Mozambique
Ricardo Rangel est un photojournaliste et photographe mozambicain. Il est le premier photojournaliste non-blanc à travailler pour un journal portugais, Noticias de Tarde, et ce dès 1952, bien avant l’indépendance du pays en 1975. En 1970, il cofonde le magazine Tempo, premier magazine polychrome du Mozambique, et voix d’opposition au pouvoir colonial portugais. Son travail, orienté vers la dénonciation de la colonisation – des injustes et des inégalités sociales et raciales qui en découlent – lui vaut plusieurs incarcérations. Ses photos – documentaires, engagées et critiques – constituent des témoignages précieux sur l’histoire du Mozambique. Désireux de former une nouvelle génération de photographes et de photojournalistes, et conscient du pouvoir de l’image, il fonde dans les années 1980, le Centre de documentation et de formation à la photographie du Mozambique.
• Saint-Louis (Sénégal)
Saint-Louis, Ndar en wolof, souvent appelée « Saint-Louis-du-Sénégal », est l’une des plus grandes villes du Sénégal.
• Marcelino dos Santos (1929, Mumbo, Mozambique portuguais - 2020, Maputo, Mozambique)
Voir Mozambique
Marcelino dos Santos est un homme politique et poète mozambicain. Il est l’un des membres fondateur·rice·s du FRELIMO (Front de libération du Mozambique). En 1975, après l’indépendance du Mozambique, il devient ministre de la Planification et du Développement, fonction qu’il abandonne en 1977 pour devenir le président du premier Parlement du pays duquel il reste président jusqu’aux premières élections multipartites en 1994. Il publie la plupart de ses poèmes sous les pseudonymes de Kalungano et Lilinho Micaia.
• Didier Schulmann
Voir Marc Vaux, Fonds Marc Vaux
Didier Schulmann est conservateur au musée national d’Art moderne/ Centre Pompidou et chef de service de la Bibliothèque Kandinsky jusqu’à juillet 2020. Il fut un des interlocuteur·rice·s privilégié·e·s d’Euridice tout au long de son travail sur le fonds Marc Vaux.
• Schomburg Center for Research in Black Culture
Voir James Bladwin, Harlem
Fondé en 1925, le Schomburg Center for Research in Black Culture est une institution culturelle et une bibliothèque de recherche New-Yorkaise, succursale de la New York Public Library, située à Harlem (au 515 Malcolm X Boulevard). C’est l’une des principales institutions culturelles du monde consacrée à la recherche, à la préservation et à l’exposition de matériaux axés sur l’histoire et les expériences de la communauté afro-américaine, et de la diaspora.
• Gerard Sekoto (1913 Botshabelo, Afrique du Sud - 1993, Paris, France)
Voir Ernest Mancoba
Gerard Sekoto est un peintre et musicien sud-africain. Autodidacte, il commence sa carrière artistique en 1938, en quittant la campagne du nord de l’Afrique du Sud pour se rendre à Johannesburg. Sa peinture fait la part belle à la description de la vie des populations dans les townships, et à un enregistrement quasi documentaire de ces environnements urbains, de leurs modes de vie, et des tensions raciales qui les habitent. En 1947, encouragé par Ernest Mancoba, Sekoto quitte l’Afrique du Sud et s’installe à Paris où il fait la connaissance des penseur·se·s de la Négritude. Sa peinture et son langage plastique se chargent alors de réflexions sur l’exil et l’altérité, sur l’identité et sur la fluctuation de cette notion. L’expatriation est difficile, il est interné à l’hôpital Sainte-Anne [17] . À sa sortie, Marthe Baillon lui offre de s’installer dans la chambre laissée vacante par un jeune écrivain américain, James Baldwin.
• Léopold Sédar Senghor (1906 Joal, Sénégal - 2001, Verson, France)
Voir Présence Africaine
Léopold Sédar Senghor est un poète, écrivain, homme d’État français et sénégalais, et premier président de la République du Sénégal (1960-1980). Ses poèmes, symbolistes et incantatoires, s’inspirent des rythmes traditionnels africains – « car la poésie est chant, sinon musique » [18] - et expriment son idéal universaliste – « la civilisation de l’universel ». Il cherche également à y exprimer ce qu’il appelle le « Royaume d’enfance », une sorte de paradis perdu, qui désigne à la fois le monde d’idées et de croyances dans lequel il évolue, enfant, auprès de sa mère, avant d’entrer à l’école catholique, mais aussi une sorte d’Eden de l’Afrique précoloniale. Par ailleurs, il approfondit et participe à la théorisation du concept de négritude, notion introduite par Aimé Césaire. En 1934, dans les colonnes de L’Étudiant noir, Senghor en propose une définition : « La Négritude, c’est l’ensemble des valeurs culturelles du monde noir, telles qu’elles s’expriment dans la vie, les institutions et les œuvres des Noirs. Je dis que c’est là une réalité : un nœud de réalités. » [19]
• Spanx
Voir Kim Kardashian
Créée en 1998, Spanx est une marque américaine spécialisée dans la lingerie gainante. Surnommée « le secret d’Hollywood », elle est connue pour être portée par les acteur·rice·s sur les tapis rouge mais est souvent critiquée pour sa participation à la construction et à la perpétuation de normes physiques oppressives et stigmatisantes.
• Tristaïveté
Voir Père (Getulio Kala)
Tristaïveté (Painaivite dans sa version originale) est un néologisme créé, par l’artiste, de la contraction des deux mots « tristesse » et « naïveté » pour qualifier le sentiment, l’émotion, qu’elle éprouve alors, enfant, à la disparition de son père.
• Marc Vaux (1895, Crulai, France - 1971, Paris, France)
Voir Montparnasse, Musée du Louvre
Ancien charpentier, il se forme à la photographie après avoir été blessé au bras droit alors qu’il était mobilisé comme soldat pendant la Première guerre mondiale. Après la guerre, muni d’un appareil photographique à chambre qu’il gardera toute sa vie, et encouragé par sa femme, il réalise des portraits de soldats en permission et de ses voisin·e·s de l’avenue du Maine. Il rencontre le sculpteur Charles Desvergnes qui souhaite faire photographier ses œuvres, il commence ainsi sa carrière de photographe d’œuvres d’art. Il immortalise non seulement l’avant-garde artistique du début du siècle – les artistes, leurs œuvres, leurs ateliers, et leurs expositions –, mais également la vie de son quartier, laissant ainsi un précieux témoignage de ce qu’était alors le Montparnasse d’après-guerre.
En 1939, il est l’un des photographes chargés de réaliser un reportage sur le déménagement du Musée du Louvre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’engage dans la Résistance : il loue en son nom une chambre où se cachent plusieurs résistant·e·s recherché·e·s par la Gestapo. En 1946, sensible à la situation précaire des artistes, il ouvre le Foyer d’Entre’Aide aux Artistes au 89 boulevard du Montparnasse. Outre une cantine permettant aux artistes de se nourrir, ce foyer leur permet d’exposer gratuitement. Le 13 octobre 1951, Marc Vaux ouvre le Musée de Montparnasse, 10 rue de l’Arrivée dans un ancien local de l’Académie du Montparnasse. Mais ce musée est éphémère et ferme au bout de quelques années, victime des projets d’aménagement du quartier. Le 25 février 1971, Marc Vaux meurt d’un infarctus en pleine rue, ses archives sont vendues, après sa mort, au Centre Pompidou.
• Fonds Marc Vaux
Voir Marc Vaux
Marc Vaux photographie à partir des années 1920 près de 5 000 artistes – venu·e·s de France ainsi que du monde entier – et leurs œuvres dans leurs ateliers parisiens, produisant, jusqu’au début des années 1970, plus de 127 000 photographies. L’étude de ce fonds, conservé aujourd’hui au Centre Pompidou et dont la numérisation vient de s’achever, permet d’élaborer un portrait de Paris comme foyer de création au langage hybride et transnational, nourri d’histoires individuelles ou d’engagements politiques et artistiques trop souvent fondus dans la linéarité́ des récits officiels d’une modernité́ homogène.
• Marie-Louise Vaux ( 1898, Saint-Sulpice-Le-Dunois, France - 1973, Sagnat, France)
L’acte de vente du Fonds Marc Vaux au Musée d’Art Moderne de Paris, daté du 22 Février 1980, nous révèle son nom : elle n’est plus seulement « la femme de Marc Vaux », mais Marie-Louise Vaux, née Parinaud. Elle aurait encouragé et aidé son mari dans son travail de photographe, et serait celle qui aurait noté à la gouache le nom des artistes sur les boîtes contenant les plaques photographiques sur verre.
• Vénus Hottentote
Saartjie Baartman (nom européanisé qui lui fut imposé), de son vrai nom Sawtche, est une femme khoïsan née à la fin du XIXe siècle en Afrique du Sud. Elle est achetée en Afrique du Sud par un « forain » anglais qui la surnomme « Vénus Hottentote », l’exhibe et exploite sexuellement en Angleterre et en France de 1810 à 1814 . [20]
Après sa mort, à Paris en décembre 1815, elle est disséquée par Georges Cuvier, au nom du « progrès des connaissances humaines » : son cerveau, son anus et ses organes génitaux sont conservés dans des bocaux de formol. Le rapport qu’il en tire témoigne alors des préjugés racistes, mais aussi de la manière dont la science est utilisée pour en tirer des théories les corroborant. Un moulage en plâtre du corps de Sawtche, ainsi que son squelette, prétendues preuves de la supériorité de la « race blanche », sont exposés jusqu’en 1974 au Musée de l’homme à Paris. En 1994, après la fin de l’apartheid, le président de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela, demande à la France la restitution de la dépouille de Sawtche. Ces demandes se heurtent à un refus des autorités au nom du patrimoine inaliénable de l’État et de la science. Il faut le vote d’une loi spéciale de restitution en mars 2002 pour que le corps de Sawtche soit rendu à l’Afrique du Sud pour y être inhumé.
• Villa Savoye
Voir Joséphine Baker, Le Corbusier
La Villa Savoye, construite de 1928 à 1931 sur un terrain de sept hectares à Poissy (Yvelines) fait partie du cycle des « villas blanches » de l’architecte Le Corbusier. Véritable manifeste architectural, elle est la parfaite illustration de la pensée de Le Corbusier et des cinq points d’une « architecture moderne », qu’il énumère en 1927 pour théoriser les principes fondamentaux du mouvement moderne : les pilotis, le toit-jardin, le plan libre, la fenêtre en longueur et la façade libre, permise notamment par l’emploi du béton. Euridice imagine que cette œuvre aurait pu être inspirée à Le Corbusier par ses amours avec Joséphine Baker [21] . Tous deux se seraient rencontrés en 1929, sur le bateau les conduisant de Bordeaux à São Paulo.
[1] Sylvie Perrault, “Danseuse(s) noire(s) au music-hall la permanence d’un stéréotype”, Corps, n°3, 2007/2, p. 65-72. URL : https://www.cairn.info/revue-corps-dilecta-2007-2-page-65.htm
[2] Marie Canet, “Wild”, Initiales, n°13, 2019, p.26.
[3] Cité dans Pauline Guedj, “Le recul nécessaire : James Baldwin en France”, France-Afrique [en ligne], 4 juin 2020. URL : https://france-amerique.com/fr/perspective-through-exile-james-baldwin-in-france/
[4] Femi Lewis, “Women of the Black Arts Movement”, ThoughtCo [en ligne], 30 mai 2019. URL : https://www.thoughtco.com/women-of-the-black-arts-movement-45167
[5] [The] artist’s role is to raise the consciousness of the people….Otherwise I don’t know why you do it.” in James Campbell, “Revolution Song”, The Guardian [en ligne], 4 août 2007. URL : https://www.theguardian.com/books/2007/aug/04/featuresreviews.guardianreview12
[6] Nathalie Coutelet, « Féral Benga », Cahiers d’études africaines [En ligne], 205 | 2012, mis en ligne le 03 avril 2014. URL :https://journals.openedition.org/etudesafricaines/16995#bodyftn1
[7] Nathalie Coutelet, “Féral Benga”, ACHAC/ Artistes de France [en ligne]. URL : https://www.achac.com/artistes-de-france/feral-benga/
[8] Voir Zoe Guy, “In Homecoming, Beyoncé Makes Beychella Personal”, Hyperallergic [en ligne], 2 mai 2019. URL : https://hyperallergic.com/498113/beyonce-homecoming-netflix-coachella/
[9] Dances of Haiti, écrit en 1937 a d’abord été publié en espagnol : Las danzas de Haiti, Acta antropológica 2.4, Mexico, 1947 puis en français : Les danses d’Haïti, Éditions Fasquelles, Paris, 1950.
[10] Julie Dekens, “Rester aux Enfers : le bonheur paradoxal d’Eurydice”, TRANS- [En ligne], 17 | 2014, mis en ligne le 24 février 2014, consulté le 29 juillet 2020. URL : https://journals.openedition.org/trans/910
[11] Jean-Marie Drot et Dominique Polad-Hardouin, Les Heures chaudes de Montparnasse, Paris, Hazan, 1995, p.118
[12] L’un des biographes de Le Corbusier, Nicholas Fox Weber, n’utilise pas le conditionnel : « Le Corbusier pouvait être despotique et méchant, mais Joséphine Baker, avec qui il eut une courte liaison, le trouvait ‘gai et simple’ et le décrivait comme ‘un homme de cœur’. » (Nicholas Fox Weber, “Le Corbusier, un personnage complexe qui prête à la polémique”, Le Monde, 22 juillet 2015. URL :
https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/07/22/le-corbusier-un-personnage-complexe-qui-prete-a-la-polemique_4694041_3232.html)
[13] Ibid.
[15] Sous ce terme, il faut entendre art africain mais aussi océanien, voire malgache. Cette dénomination s’inscrit d’une part dans un contexte colonial, d’autre part, on peut y voir, comme Benoît de l’Estoile, le reflet d’une lecture ethnocentrique, teintée du racisme des théories évolutionnistes, associant “race nègre”, “primitivisme” et origine de l’art.
[16] Un texte inaugural “Niam n’goura ou la raison d’être de Présence Africaine” explique clairement les objectifs de la revue : “publier des études africanistes sur la culture et la civilisation noire” ; “publier des textes africains” ; “passer en revue les « œuvres d’art ou de pensée concernant le monde noir”. Voir Alioune Diop, “Niam n’goura ou la raison d’être de Présence Africaine”, Présence Africaine 2002/1-2 (N° 165-166), p.19-25.
[17] Christine Eyene, “ Gérard Sekoto : symptômes d’exil et questions d’interprétation”, africultures [en ligne], 30 septembre 2006. URL : http://africultures.com/gerard-sekoto-symptomes-de-lexil-et-questions-dinterpretation-4608/
[20] Voir Pascal Blanchard, “De la Vénus hottentote aux formes abouties de l’exhibition ethnographique et colonial : Les étapes d’un long processus (1810-1940)”, dans La Vénus Hottentote : Entre Barnum et Muséum, Paris, Publications scientifiques du Muséum, 2013, p.35-63. Cet article replace le cas de la Vénus Hottentote dans un contexte plus large et critique, et donne des précisions biographiques quant à la vie de Sawtche en Europe.
[21] Voir l’essai de Anne Anlin Cheng, “Les peaux, les tatouages et l’attrait de la surface” (dans Initiales, n°13, 2019, p.101-105), qui tisse des liens entre l’architecture moderniste - notamment la notion de “peau” et les théories architecturales d’Adolf Loos sur l’ornement -, et la figure de Joséphine Baker ; entre “peau noire et surface moderne”. Elle y fait également l’analyse de la maison dessinée par Loos pour Baker, qu’elle décrit comme une “vision architecturale [qui] illustre les fantasmes raciaux et sexuels du désir européen, masculin et primitiviste”, une maison-théâtre non pas pensée pour le “divertissement de Baker, mais [pour] le divertissement Baker”.
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