Ndidi Dike / Pernod Ricard Fellowship 2017
En résidence en juin, juillet et août 2017
Ndidi Dike (1960, Londres, Royaume-Uni) a passé son enfance en Angleterre. Elle a étudié la peinture et a notamment obtenu un diplôme de premier cycle en peinture et techniques mixtes à Nsukka en 1984. L’artiste travaille des médiums variés comme l’installation, la sculpture ou encore la vidéo. Ayant appris la sculpture en autodidacte, elle développe une pratique transgressive de ce médium qui l’impose comme l’une des artistes contemporaines majeures du continent. A partir de 2004, son œuvre revisite le langage de la peinture. Sa méthode implique d’identifier au moment où elle contemple un objet ou un sujet, la stratégie artistique la plus appropriée. Pour ce faire, elle mobilise ses recherches sur un thème ou un sujet particulier. Ces thèmes incluent l’esclavage, le consumérisme, l’urbanisme, la culture visuelle nigériane, l’histoire de l’art, les migrations transfrontalières, le multi-culturalisme, les études postcoloniales, l’identité et les politiques contemporaines. Elle dirige un atelier professionnel à Lagos et a exposé à plusieurs reprises à l’international.
- "How Much Am I Worth ?" (details), "State Of The Nation" solo show, National Museum Onikan, Lagos, February 2016
NOTE D’INTENTION
« Je m’intéresse particulièrement dans mon travail aux histoires et héritages pre et post-coloniaux des politiques de contrôle des ressources qui façonnent le continent Africain (ou : le Sud Global) politiquement, économiquement et socialement. À travers mon projet, je cherche à questionner ces problématiques en me concentrant sur le passé et le présent de la République Démocratique du Congo. Ce projet permettra de saisir contextuellement, historiquement et visuellement le règne de terreur du Roi Léopold II de Belgique marqué par les mutilations/amputations ordonnées à l’encontre des peuples de la colonie de son royaume, le DRC. Il contrôlait et pillait les ressources humaines et naturelles du pays grâce à l’extraction du caoutchouc dont les profits ont permis la fondation et l’édification de l’économie de Bruxelles (1884 - fin XXème). Plus tard dans l’histoire de la RDC, les diamants furent illégalement extraits et vendus en contrebande par les rebelles pour financer la guerre contre le gouvernement « légitime ». Le processus de Kimberley fut déployé pour prévenir cette fuite de diamants de sang. Par ailleurs, le coltan, un minerai précieux et principal ressource de la RDC, était également revendu en contrebande par les fermiers, les jeunes et les enfants dont les situations personnelles et environnementales constituaient des circonstances atténuantes. Le but de ce projet est de conduire une recherche détaillée grâce à un éventail varié d’institutions qui permettront à terme de visualiser littéralement et figurativement les axes de la mémoire en diffusant des séquences d’archives, des photographies et d’autres données dans des institutions telles que le Musée du Quai Branly - Jacques Chirac et les écoles d’art.
Ce projet a été pensé comme un hommage continental à la mémoire des millions d’hommes, femmes et enfants, qui, selon les estimations, sont morts sous prétexte de contrôle des ressources exercés par les industries d’extraction des ressources naturelles et à cause des les conflits miniers dans leur pays. Ils sont pourtant relégués aux confins de la conscience contemporaine. »
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