Nikolay Smirnov / Pernod Ricard Fellowship 2018
En résidence en avril et mai 2018 et février 2019
Nikolay Smirnov (né en 1982) est un artiste, géographe, commissaire et chercheur. Il travaille sur les représentations de l’espace dans l’art, la science, les pratiques muséales et la vie quotidienne. Il a récemment développé le concept de géographie spéculative en tant qu’outil d’étude spatiale.
Il est diplômé de la Rodchenko Art School, du Département de Géographie de l’Université d’Etat de Moscou, et de l’Institut d’Art Contemporain MMOMA (Musée d’Art Moderne de Moscou). Co-commissaire des projets Metageography et Permafrost (Arctic Biennale, Yakutsk, 2016), Nikolay Smirnov a été sélectionné pour the Innovation Award for a Curatorial Project (prix d’innovation pour un projet curatorial).
- Nikolay Smirnov, Left-wing Eurasianism, 2017
NOTE D’INTENTION
« Entre 1926 et 1929, Paris et Clamart représentent un pôle majeur de l’Eurasianisme, concentrant les activités d’édition et de distribution de livres, pamphlets, tracts et journaux. L’Eurasianisme est un mouvement intellectuel qui soutient la révolution de 1917 et l’Union soviétique, définissant sa doctrine comme une « seconde idéologie soviétique ». En 1926, l’exilé russe Leo Karsavin fonda le séminaire eurasianiste à Clamart, près de Paris. Ses dirigeants, les émigrés russes Petr P. Suvchinsky, Lev P. Karsavin, Dmitry P. Sviatopolk-Mirsky, ont développé l’Eurasianisme marxiste comme un communisme situé (en Russe, mesto-razvitie, concept eurasianiste affirmant un lien étroit entre le lieu, le paysage et la société). Les Eurasianistes de gauche ont publié 35 numéros d’Eurasia à Paris, où ils développent des points de vues originaux sur la révolution, le socialisme, le marxisme, la religion, le jeune État soviétique, sa culture et sa philosophie en dialogue avec d’autres forces politiques émigrées.
Je veux enquêter sur le contexte français et parisien pour créer un musée spéculatif de l’Eurasianisme de gauche, pour représenter les contradictions du mouvement, ses activités les plus problématiques notamment en lien avec les services secrets soviétiques, les connexions méta-géographiques entre les paysages de Paris et de Clamart et l’Eurasianisme de gauche, à partir de perspectives historiques et contemporaines. En effet, je pense qu’il peut être très fécond de s’intéresser à l’Eurasianisme comme à une activité artistique radicale.
Les idées des Eurasianistes résonnent avec des questionnements contemporains. Ils ont amorcé un discours sur le post-colonialisme, ont condamné l’eurocentrisme et initié la réhabilitation des cultures non-européennes, dans l’idée de nouer un dialogue non-globalisant entres les cultures. Et, bien sûr, c’est un « produit de l’exil russe », une idée née dans une connexion méta-géographique entre la Russie et Paris, Clamart. »
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