Mercedes Azpilicueta / Pernod Ricard Fellowship 2017
En résidence en avril 2017 et janvier et février 2018
Mercedes Azpilicueta est une artiste argentine basée aux Pays-Bas. S’appuyant sur une approche transdisciplinaire, elle développe au sein de sa pratique artistique des projets qui explorent les qualités affectives du langage et de la voix, la dimension politique du désir féminin et les liens entre les formes d’incarnation, les glocalités et la notion de résistance. Prenant comme point de départ sa propre subjectivité et ses propres expériences mentales et physiques - telles que des techniques mnémoniques et littéraires, ou la mise en relation de paysages sonores aux conditions sociales et culturelles -, elle propose des œuvres qui laissent une place à la contingence et l’improvisation. Un des moteurs de son travail est une recherche de connaissance de l’autre à travers le développement de relations non-rationnelles.
Elle est titulaire d’un MFA du Dutch Art Institute / ArtEZ, Arnhem et d’un BFA de l’Université Nationale des Arts de Buenos Aires ; où elle a également fait le programme de l’artiste à l’Université Torcuato Di Tella.
Expositions personnelles récentes : NoguerasBlanchard (Barcelone, 2017), Zmud Projects (Buenos Aires, 2016) et Centre Culturel Borges (Buenos Aires, 2009)
Expositions collectives et performances : a.o. Centro de Arte 2 de Mayo (Madrid, 2017), Chinese European Art Center (Xiamen, 2017), Onomatopee (Eindhoven, 2016), TENT (Rotterdam, 2015), Irish Museum of Modern Art (Dublin, 2014), Het Veem Theatre (Amsterdam, 2014), Van Abbemuseum (Eindhoven, 2013), Galata Fotoğrafhanesi (Istanbul, 2013), The Poetry Readings Program, Documenta13 (Kassel, 2012), et Raw Material Company (Dakar, 2012).
En 2018, elle présentera sa première exhibition personnelle au Musée d’art moderne de Buenos Aires.
- "Todo afuera adentro (All Outside Inside)", 2015, installation performative, dimensions variables, Interprètes : Natalia Albero, Jair Almar, Paula Campana Cristal, Liza Casullo, Sol Crespo, Rochi Gallardo, Marina Lazo, Malena Ledesma, Marina Mariasch, Graciela Montoya, Edgar Robba, Liv Schulman et Gabino Torlaschi. Conseiller musical : Osvaldo Ledesma, Móvil, Chela, Buenos Aires, 25 avril - 6 juin 2016, Courtesy de Ramiro Iturrioz.
PRÉSENTATION DU PROJET
Durant la première partie de sa résidence en avril 2017, Mercedes Azpilicueta a développé une recherche autour de plusieurs figures artistiques et leurs trajectoires, à travers ses rencontres avec des historiens et critiques d’art, des visites de musées et d’archives, de longues promenades dans la ville et dans les couloirs du métro - qu’elle perçoit comme un lieu de résistance collective, où les corps se réalisent différemment. Elle tient un journal intime, hells, smells & shame, qui lui sert aussi d’ébauche pour un scénario de performance.
Pendant la seconde partie de sa résidence, en janvier et février 2018, Mercedes Azpilicueta développera un scénario pour une performance filmée, à partir de séances de travail avec la chorégraphe Pauline Simon, Jean-Baptiste Veyret-Logerias (interprète et auteur de projets de spectacle vivant, praticien en psychopédagogie de la perception), l’actrice Emmanuelle Lafon, la théoricienne Myriam Suchet et la curatrice Virginie Bobin (Villa Vassilieff) ; ainsi que des ateliers collectifs avec des étudiants de l’Université Paris 8, de l’Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle et de l’atelier Theatrum Mundi du Collège d’Etudes Mondiales à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme. D’autres ateliers auront lieu à la Cité Internationale des Arts les 2 et 3 février dans le cadre de « Nous ne sommes pas le nombre que nous croyons être », un événement de 36 heures produit par Bétonsalon - Centre d’art et de recherche et la Villa Vassilieff.
Mercedes Azpilicueta développera également une série d’accessoires et d’ « éléments mnémoniques » en collaboration avec l’artiste et designer Lucile Sauzet.
Ces activités seront partiellement filmées en en collaboration avec la cinéaste Hélène Harder, en vue de produire un film au cours de l’année 2018.
Une œuvre de Mercedes Azpilicueta, Pink popping plank (2018), figure dans l’exposition Akademia : Performing Life, présentée à la Villa Vassilieff du 13 janvier au 24 mars 2018 et conçue par les commissaires Solvita Krese et Inga Lāce (Latvian Center for Contemporary Art).
L’œuvre est à la fois une sculpture, un décor, un scénario, et une partition qui sera activée par le biais d’une série d’ateliers qui se dérouleront dans l’espace d’exposition.
ABOUT HELLS, SMELLS & SHAME
Avril 2017
“ nous nous sentons en état d’ébriété. nos corps se sentent enivrés. nos corps parisiens, corps touristiques, corps sans domicile, corps européens, corps africains, corps étrangers, corps numériques, corps latinos, corps hétéronormés, corps âgés, corps mous, corps durs, corps jeunes, corps queer, corps sculptés, corps sophistiqués, des corps sales, des corps en sueur, tous ces corps différents et uniques se sentent enivrés. nous commençons à vibrer. peut-être pas tous, mais je préfère imaginer que tous le sont. et ils le sont. toutes sortes de corps différents ici-bas sont ébranlés en même temps”
about hell, smells & shame est un journal que j’ai tenu pendant la première partie de ma résidence à la Villa Vassilieff en avril 2017. Le journal traite de différentes pensées liées au corps et aux affects, aux sens et à la clandestinité comme espace de résistance. J’y fais référence à l’oeuvre de l’artiste franco-argentine Lea Lublin, à la série de tapisseries énigmatiques La dame à la licorne, à l’esthétique littéraire du Neobarroso Rioplatense, au reggaeton chilien, à des personnages imaginaires et vagabonds de l’infra-monde, ainsi qu’à des concepts tels que la subjectivité anthropophagique ou auto-historias - néologismes respectivement attribués à Suely Rolnik et Gloria Anzaldúa. Le projet se mettra en place durant la seconde partie de ma résidence - en janvier et février 2018 - à travers un corpus se déployant en différentes étapes. Ces étapes comprendront une performance, une série de scripts, de vidéos et de pièces sonores. Tout d’abord, le journal sera le point de départ de l’élaboration de scripts accompagnés d’images et de symboles, qui prendront ensuite la forme de modules spatiaux ou d’accessoires pour la performance mais aussi d’ayuda-memorias (ou visuels mnémoniques) pour la chorégraphie et la dramaturgie de l’œuvre. Dans un deuxième temps, les scénarios et les performances informeront le développement du reste des œuvres, des vidéos et des morceaux sonores, qui seront produits ultérieurement. Un groupe de collaborateurs comprenant un chorégraphe, un chanteur, un monteur vidéo et des artistes de la performance feront également partie du processus."
- about hell, smells & shame , image de recherche. Courtesy Mercedes Azpilicueta
NOTE D’INTENTION
Octobre 2016
« Pour ma résidence à la Villa Vassilieff, j’enquêterai sur la dimension politique du désir et sa relation aux affects. Quels affects composent notre corps et comment peuvent-ils entrer dans la nouvelle composition des affects d’un autre corps. Pour élargir mon objet d’étude, je travaillerai avec le concept de Suely Rolnik, la subjectivité anthropophage et les possibilités qu’il offre pour lier la dimension politique du désir avec une perspective décoloniale. (…) En effet, je crois en qu’une pratique basée sur la subjectivité anthropophage peut permettre de développer des esthétiques décoloniales pour rompre avec les savoirs de l’âge moderne, enracinés dans l’histoire coloniale. Par dessus tout, une subjectivité anthropophage et politique peut permettre de créer un espace pour inventer d’autres formes communes, partagées et collective que nous pourrions investir ensemble, loin de la valeur véridictive de la modernité assignée à un récit particulier.
Dans le second moment de mon enquête, je voudrais étudier l’héritage moderne à Paris, plus particulièrement au regard des artistes femmes et des artistes qui ont subverti la binarité de genre – comme Valentine de Saint-Point, Natalia Goncharova et Valeska Gert pour en citer quelques unes. En regardant les archives en lien avec ce thème, je me concentrerai sur les matériaux en lien avec la voix, le son et les qualités affectives du langage. J’aimerais voir comment ces références peuvent être visitées à travers une subjectivité anthropophage, et ainsi être dé-modernisées (…) »
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