Université Paris 8 / Héritages et modalités des pratiques de co-création
- Capture d’écran, film d’archives de Morfondé (collection André Ferrer) issu de la recherche de Maude Mandart.
Alors que les pratiques artistiques de co-création engagées dans le champ social ont connu ces quinze dernières années un intérêt grandissant dans les pays anglo-saxons, elles ont été étrangement absentes des analyses critiques, historiques et théoriques en France pour y être devenues aujourd’hui incontournables. Au sein de ces pratiques, il nous semble important de distinguer celles relevant de la « participation créative » pour lesquelles « le visiteur fournit le contenu d’un élément de l’œuvre au sein d’une structure établie par l’artiste » (selon la terminologie proposée par Pablo Helguera dans Education for Socially Engaged Art) de celles relevant de la « participation collaborative » et qui nous intéressent en particulier. Ces dernières permettent au collaborateur, le « partage [de] la responsabilité du développement de la structure et du contenu de l’œuvre en collaboration et dans un dialogue directe avec l’artiste » (Helguera).
Pour que la « participation collaborative » ou la co-création aient lieu, une indétermination initiale — dans la construction du processus, ses visées ou encore dans les modalités de rencontres — nous semble nécessaire. Tâtonner, laisser advenir les discussions, confrontations et ajustements inhérents à la création collective favorise la construction des relations et la créativité de chacun. Un ensemble de questions se posent alors sur les mécanismes de production de l’oeuvre et sa transmission. L’espace de liberté engendré par le processus de co-création amène à réfléchir aux rapports de pouvoir et à la manière dont s’articulent les distinctions entre amateurs et professionnels, il permet de conscientiser notre puissance politique. C’est pourquoi, il nous paraît important de penser les pratiques de co-création en lien avec les pédagogies alternatives qui, elles aussi, dans la tradition sud-américaine initiée par Paolo Freire et des mouvements d’éducation populaire, se veulent des outils d’émancipation notamment par la mise en œuvre de la coopération. Enfin, nous observons que ces pratiques privilégient des formes fragmentaires, notamment l’ellipse, le montage, le collage et/ou l’assemblage. En rendant sensible la place accordée à l’autre, ces procédés donnent à voir l’hétérogénéité du collectif et permettent la construction de voix multiples, là où l’oralité apparaît être une spécificité de ces pratiques.
Le programme de recherche « Héritages et modalités des pratiques de co-création » a été initié en 2015 par une journée d’étude qui a eu lieu le 5 décembre au Musée d’art contemporain de Vitry, le MAC VAL. Nous le poursuivons actuellement par une série d’invitations dans le cadre du séminaire « Expériences et territoires : des pratiques artistiques collaboratives » de Marie Preston à Paris 8. Fidèles aux pratiques de co-création qui se positionnent à la jonction des champs disciplinaires, notamment artistiques, sociologiques et anthropologiques, nous envisageons cette recherche à leurs interstices.
Programme de recherche initié et mis en œuvre par Céline Poulin et Marie Preston, en collaboration avec Stéphanie Airaud.
Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (Équipe Teamed). Musée d’art contemporain du MAC VAL à Vitry-sur-Seine. En partenariat avec la Kadist Art Foundation et la Villa Vassilieff.
Voir le détail des séances dans la rubrique Événements de cet article.
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