Sophie Podolski
APATRIDE
Sophie Podolski naît en 1953 à Bruxelles, comme apatride. Son grand-père Nicolas Podolski a fui son pays natal – l’actuelle Ukraine – en 1917, à la veille de la Révolution russe et de l’avènement de l’Union soviétique communiste. Après une courte période aux États-Unis, il a été envoyé à Anvers comme représentant de Ford. Michel, le père de Sophie, prendra finalement la nationalité belge en 1973. À 20 ans, la jeune fille devient donc officiellement Belge.
FAMILLE D’ARTISTES
Sophie appartient à une famille d’intellectuels et d’artistes. Sa mère, la céramiste Ann Cape, était la fille du compositeur américain Safford Cape. Son père Michel était un musicologue et joueur de luth baroque très admiré. La cousine de la grand-mère de Sophie était la romancière Dominique Rolin, dont le cabinet d’écrivaine a été reconstitué aux Archives et Musée de la Littérature à la Bibliothèque Royale de Belgique, où est conservé le manuscrit du Pays où tout est permis. Catherine, la sœur cadette de Sophie, est devenue céramiste comme sa mère.
AUTODIDACTE
Sophie est renvoyée de l’école à l’âge de 12 ans, après s’être – entre autres incidents – déguisée en veuve. À 15 ans, elle suit une formation à l’atelier de gravure de l’Académie de Boitsfort, où sa mère est enseignante. Bien qu’elle soit incapable de s’adapter au système scolaire, elle a – comme son père – une mémoire exceptionnelle, à laquelle elle fait constamment appel.
MONTFAUCON RESEARCH CENTER
Au printemps 1969, Sophie se retrouve dans la communauté de Michel Bonnemaison et Joëlle de La Casinière. Au cours des quatre ans qu’elle y passe, elle mène une existence nomade, dormant et écrivant où elle peut. Le Montfaucon Research Center était une réunion informelle d’artistes qui se sont organisés pour publier leur travail. Ils se définissent eux-mêmes comme des freakies, équivalents créatifs des hippies qu’ils considèrent comme un mouvement de masse. En 1973, la maison est vendue et le groupe dispersé.
SCHIZOPHRÉNIE
À son entrée dans l’adolescence, la schizophrénie de Sophie ne fait plus aucun doute. Sa sœur Catherine la décrit comme une penseuse sans frontières. Il lui arrive d’être obligatoirement admise à l’hôpital psychiatrique par la police, ce qui augmente sa crainte d’atteindre l’âge de la majorité légale, qui est alors de 21 ans. Peu avant son suicide, elle passe quelques mois dans la légendaire Clinique de La Borde non loin de Paris, berceau de la psychiatrie institutionnelle, où le philosophe Félix Guattari a longtemps travaillé.
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